Page:Lacordaire - Œuvres du R.P. Henri-Dominique Lacordaire, tome 2 - Conférences de Notre-Dame de Paris.djvu/57

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans un empire fondé sur la légitime conviction des esprits. Il vint, cet âge que nous avions préparé, il vint ; et la science, fille ingrate et dénaturée, à peine tombée de nos mains dans les vôtres, s’insurgea contre nous, et nous accusa, nous qui avions travaillé quinze siècles pour elle, nous qui l’avions accueillie de nouveau lorsque, échappée sanglante du glaive de Mahomet II, elle s’était jetée, tout éperdue, dans la robe de nos papes ! Qu’avons-nous fait alors ? Avons-nous trahi la science, ou subi son joug ? Ni l’un ni l’autre : nous lui avons résisté, nous nous sommes opposés comme un mur d’airain, non pas à elle, mais à ses égarements ; et aujourd’hui, enfants de la science, sauveurs de la science, protecteurs de la science, nous arrivons à une, époque non moins glorieuse pour l’Église, celle où la science, reconnaissant la vanité de ses efforts contre nous, viendra dans nos temples nous chercher et nous offrir le baiser de réconciliation et de justice qu’elle nous doit et qu’elle nous donnera.

Ainsi l’Église est un corps savant. J’ajoute que ce caractère n’appartient à aucune autre autorité religieuse au même degré. Hors de l’Église, nous trouvons d’abord l’enseignement des religions non chrétiennes : ont-elles le cachet de la science ? La science, dans les castes sacerdotales de l’Inde, de l’Égypte et de la Grèce, ne se manifestait point au dehors ; c’était un secret qui n’avait pas le caractère scientifique. La religion mahométane est un autre exemple. Le Coran n’est qu’un plagiat de la Bible ; Mahomet