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réfléchit, qui attend et saisit la lumière, qui ajoute aux siècles passés le poids des siècles nouveaux, et, sentinelle patiente du temps, arrache pièce à pièce à l’univers ses éternels secrets. Si la science laborieuse et persévérante ne méritait aucun crédit, il faudrait désespérer de la vérité, et jamais, Messieurs, en vous parlant, nous n’estimerons, le désespoir comme quelque chose dont il faille tenir compte. La science est incontestablement un titre, encore qu’elle ne suffise pas toute seule à fonder l’autorité morale d’un enseignement. Or, l’Église a la science, elle est née dans la science, elle a sauvé la science, elle a lutté contre la fausse science ; elle est, sous tout point de vue, un corps savant.

L’Église a la science de ce qu’elle enseigne ; ce n’est pas par une foi aveugle qu’elle agit, mais par une foi fondée, ainsi que nous l’avons vu dans notre deuxième Conférence, sur les idées générales les plus élevées, sur des monuments historiques de la plus haute antiquité et de la plus sûre authenticité, sur l’expérience de l’influence heureuse et civilisatrice qu’elle exerce dans le monde, enfin sur une tradition et un ensemble de faits de toute nature qu’elle explore et qu’elle agrandit sans cesse par ses travaux. S’il y a quelque part science, étude, expérience, c’est assurément dans une société où joue un si grand rôle le déploiement de toutes les forces de l’esprit, et qui a possédé, depuis l’origine des âges, et surtout depuis Jésus-Christ, une innombrable multitude d’hommes éclairés, et qui ont