Page:Lacordaire - Œuvres du R.P. Henri-Dominique Lacordaire, tome 2 - Conférences de Notre-Dame de Paris.djvu/54

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’était qu’infaillible, son autorité reposerait sur un cercle vicieux, c’est-à-dire qu’elle invoquerait en faveur de son infaillibilité son infaillibilité même ; au lieu qu’appuyée sur la certitude rationnelle et morale de son institution divine, elle va de la lumière à la lumière, de la lumière naturelle à la lumière surnaturelle, de la certitude à l’infaillibilité, pour retourner ensuite, par réflexion sur elle-même, de l’infaillibilité à la certitude.

Nous avons déjà vu, Messieurs, ou plutôt entrevu, que l’Église possède la plus haute certitude-rationnelle, puisqu’elle s’appuie sur les idées, l’histoire, les mœurs et la société, avec une force dont ne dispose aucun autre corps enseignant, et qui lui assure ici-bas l’empire de la persuasion. Il nous reste donc seulement à traiter de sa certitude morale et de son infaillibilité.

La certitude ou l’autorité morale d’un corps enseignant résulte de trois conditions qui sont, pour lui-même et pour ceux qu’il enseigne, la preuve qu’il est en rapport avec la vérité, et qu’il la dispense avec exactitude et respect. Ces trois conditions sont la science, la vertu et le nombre.

La science est la première condition de la certitude ou de l’autorité morale : car, comment être certain si l’on ne connaît pas, et comment connaître si l’on ne sait pas ? Lorsqu’on sait, au contraire, et plus l’on sait, plus on a pour soi-même et pour les autres une garantie de n’être pas trompé. La science est l’œil qui regarde, qui scrute, qui compare, qui