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et l’infaillibilité, que la certitude consiste à ne pas se tromper dans un cas donné, tandis que l’infaillibilité consiste à ne pas pouvoir se tromper. La certitude est le rapport actuel d’une intelligence avec une vérité ; l’infaillibilité est le rapport perpétuel de l’intelligence avec la vérité. La certitude fait partie des moyens et des droits de l’homme raisonnable ; car, sans la certitude, l’intelligence ne serait qu’un vaste doute. Mais l’infaillibilité n’appartient pas à l’homme, ni à l’ensemble des hommes, parce que l’ignorance et les passions viennent sans cesse s’interposer entre leur intelligence et la vérité ; d’où il suit qu’ils ne peuvent la découvrir, ou rester en rapport avec elle universellement et perpétuellement. Tout ce que peuvent faire les hommes, quand ils enseignent, c’est d’être certains, et aussi ne peuvent-ils pas exiger la foi à leur enseignement, c’est-à-dire une adhésion pure et simple, de cœur et d’esprit, à leur parole ; car, leur parole n’étant pas infaillible, il reste toujours à voir s’ils ne se trompent pas, ou s’ils ne veulent pas nous tromper. Au contraire, lorsqu’une autorité est infaillible, il suffit de reconnaître ce qu’elle dit pour être dans le droit et le devoir d’y ajouter foi. Or, l’Église catholique, instituée de Dieu pour enseigner le genre humain, est tout à la fois certaine et infaillible : certaine de la vérité de son institution par Dieu, infaillible dans le dépôt de la foi dont la propagation et l’interprétation lui furent confiées. Elle est tout à la fois certaine et infaillible, parce que, si elle