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obéissent au moins à l’enseignement de leur pays et de leur siècle. Comment donc fera l’homme pour se défaire de cette servitude ? Quelle ressource pour qu’il devienne libre dans son esprit ? Il y en a deux : ou bien qu’il pense par lui-même, ou bien, s’il est constaté que pour penser il a besoin d’un enseignement, s’il ne peut penser par lui-même, parce que Dieu seul pense de la sorte, il n’y a pour lui de salut ici-bas que d’avoir une autorité qui représente l’intelligence infinie de Dieu, et qui communique à chaque homme sa pensée divine par un enseignement divinement établi. Cette autorité existe, et nous avons vu qu’un signe est donné pour la reconnaître, l’universalité. Aujourd’hui, il nous faut pénétrer plus avant dans la nature de cette autorité libératrice de l’esprit humain ; il nous faut voir quelle est sa constitution, la constitution qu’elle a reçue de Dieu pour vivre dans tous les siècles.

Or toute autorité se compose : premièrement, d’une hiérarchie, c’est-à-dire d’un ensemble d’hommes coordonnés pour agir dans un même but ; deuxièmement, d’une puissance dont cette hiérarchie est dépositaire et dont elle se sert à son gré. Le sujet de ce discours sera donc le développement de l’Église catholique dans sa hiérarchie et dans la puissance qui lui est confiée.

La vérité étant le premier bien, et l’on peut dire le seul bien des hommes, et nul ne devant être privé de ce bien, sans lequel il n’y en a point d’autre, il s’ensuit que le premier soin de Dieu devait être de