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l’humanité déchue ; mais l’Église n’est autre chose que l’humanité réparée, vivifiée par la foi, conduite par la charité, éclairée par l’esprit de Dieu. La lutte est donc dans les entrailles mêmes de l’humanité, entre l’humanité des sens et l’humanité de l’esprit ; l’humanité des sens s’est manifestée dans l’antiquité pendant quatre mille ans ; l’humanité de l’esprit s’est manifestée dans les temps modernes pendant dix-huit siècles : laquelle préférez-vous ? Voilà la question. Espérer que la noble partie de l’humanité triomphera sans l’Église, après avoir détruit l’Église, c’est espérer un effet sans sa cause, c’est abattre les fondements pour soutenir un édifice et l’agrandir. On dit beaucoup que le passé est aux prises avec l’avenir, et cela est vrai ; le monde ancien est aux prises avec le nouveau et quel est le monde nouveau, sinon celui qu’a fait l’Église ? quel est le monde ancien, sinon celui qui a été sans l’Église ? Comme le chrétien est l’homme nouveau, selon le langage des saintes Écritures, l’Église catholique est l’humanité nouvelle. Quiconque l’attaque invoque le passé : quiconque la défend appelle l’avenir. Je sais que plusieurs attendent une révélation nouvelle plus parfaite que celle du Christ, une Église nouvelle plus parfaite que celle fondée par le Christ, une humanité nouvelle plus parfaite que celle formée par l’Église. Mais où est le nouveau Christ, où est la nouvelle Église, où est la nouvelle humanité ? et que voyons-nous autour de nous sinon de vieilles passions, sinon l’égoïsme ancien, d’autant plus hideux