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De là les superstitions, vestiges altérés de la vérité ; de là la philosophie, effort de l’homme vers la vérité ; de là la nécessité d’une Église enseignante qui transmette et perpétue la vérité, dans le cas où Dieu voudrait faire grâce à l’homme et le réparer ; mais suspension de l’organisation définitive de cette Église, afin que l’homme se sente déchu, impuissant, misérable.

Aujourd’hui, Messieurs, cette Église catholique, qui a fait l’œuvre impossible à l’homme, cette Église lutte contre ceux qui l’ont affaiblie et qui voudraient la détruire. Dépouillée des ornements extérieurs qu’elle tenait de l’homme, liée par eux comme une puissance incommode et dangereuse, insultée dans sa faiblesse apparente, elle est semblable à un géant que des enfants ont entouré de bandelettes et qu’ils s’efforcent de précipiter : elle se défend par sa masse, mole sua stat, et son immobilité toute seule est une victoire. Tranquille parce qu’elle porte dans son sein une promesse immortelle et l’esprit de Dieu, elle n’est inquiète que de l’humanité, qui peut plus ou moins associer ses propres destinées à la grandeur des siennes. Ne vous y trompez pas, Messieurs, il n’y a qu’une question au monde depuis six mille ans, celle de savoir si la vérité chrétienne y sera vaincue ou victorieuse ; elle y a été vaincue jusqu’à Jésus-Christ, elle y est victorieuse depuis Jésus-Christ, et victorieuse par l’Église catholique, assise sur la pierre qu’a posée Jésus-Christ. C’est donc à renverser l’Église catholique que conspire