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Mais ce qu’il faut bien remarquer, c’est que la catholicité de l’Église n’embrasse pas seulement les diverses nations du globe : elle embrasse aussi dans les mêmes liens spirituels l’enfance le peuple, les gens éclairés, les forts et les faibles. Tous, sans distinction ont les mêmes symboles et la même foi au lieu que la philosophie n’embrassait que les hommes instruits, et que les religions païennes n’embrassaient que le peuple. Le protestantisme lui-même n’a pu éviter ce vice radical ; car il est autre pour le peuple, et autre pour les hommes éclairés. Il commande au peuple d’autorité, il laisse libres les gens instruits. Le peuple croit son ministre, l’homme habile croit la Bible et lui-même. Sous ce rapport, l’Église catholique est encore toute divine ; non-seulement elle donne protection aux faibles, elle le rend égal au fort.

Vous direz peut-être : Mais si une Église enseignante est nécessaire au genre humain, pourquoi s’est-elle établie si tard ? pourquoi il y a dix-huit siècles, et non pas il y a six mille ans ? Messieurs, tout devait porter l’empreinte de la chute originelle, la nature, le corps, l’âme, la société, la vérité elle-même, afin que l’homme sentît profondément le besoin de la réparation. Cependant Dieu n’abandonna pas les hommes dans les temps antérieurs à la constitution de l’Église ; il leur communiqua la vérité par Adam, par Hénoch, par Noé, par Abraham, par Moïse, par une suite continuelle de prophètes et de révélations. L’Église même, ou la