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fondée par Rome païenne, et l’Église catholique, pendant que toutes les nations changeaient et se fractionnaient, étendit son unité et son universalité partout où la force rompait les membres de l’ancienne société, et de plus elle alla chercher les barbares jusque dans leurs forêts pour les amener au pied du même autel et de la même chaire. De nouveaux mondes se découvrirent : l’Église y fut aussi vite que les conquérants. Les Indiens de l’Occident et de l’Orient connurent Jésus-Christ, et le soleil ne se coucha plus dans le royaume de la vérité. Le protestantisme, en essayant de briser l’unité et l’universalité catholiques, n’a fait, par le spectacle de ses divisions, que prouver de nouveau l’impossibilité où sont les hommes de fonder avec leur propre vertu une Église universelle.

Il faut vaincre, en effet, pour cela la jalousie de l’autorité temporelle, la diversité des langues, des mœurs, des préjugés, les inimitiés de nation à nation, et enfin par-dessus tout l’indépendance des esprits, cette indépendance qui n’est pas la soumission à de fausses autorités, mais à des autorités qui flattent l’orgueil et semblent s’appuyer sur la raison de chacun. Jamais, l’erreur ne vaincra ces divers obstacles, parce que l’erreur, étant tout à la fois orgueil de l’entendement et contradiction logique, ne peut unir ni les esprits ni les volontés. L’unité seule de l’Église, cette unité unique dans le monde, est une preuve irrécusable de sa divinité : l’Église est catholique, donc elle est vraie.