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grands schismes vivante, le schisme grec et le schisme protestant. Les Grecs ont été soumis au patriarche de Constantinople tant que Constantinople est demeurée le centre unique de l’Orient ; lorsque l’empire russe a été formé, les Grecs russes ont constitué une Église à part, brisant les derniers liens qui, dans l’enfance de leur empire, les rattachaient encore au siège primitif du schisme. Quant aux Églises protestantes, elles se sont partagées en autant de fractions que de royaumes : Église épiscopale d’Angleterre, Église presbytérienne d’Écosse, Église calviniste de Hollande, Église actuellement évangélique de Prusse ; et les protestants qu’un royaume n’a pas rassemblés dans une unité nationale, tels que ceux des États-Unis, ont formé des milliers de sectes qui n’ont plus de noms, pour en avoir trop.

L’Église véritable, celle qui dès l’origine a pris le titre de catholique, que nul en dix-huit siècles n’a osé lui disputer une seule fois, l’Église véritable, divinement instituée pour enseigner le genre humain, a seule constitué une autorité universelle, malgré l’effroyable difficulté de la chose. Tout l’empire romain s’est ligué contre cette immense autorité qui naissait partout, et malgré la persécution, dès les premiers temps, l’Église catholique dépassait les limites de l’empire romain : elle pénétrait en Perse, en Éthiopie, dans les Indes, en Scythie. Après qu’elle eut subjugué l’empire romain et passé au delà, les barbares vinrent anéantir l’unité temporelle