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parole, vous vous êtes trompés. Ah ! périsse l’éloquence du temps, je ne demande au Ciel que l’éloquence de l’éternité. Je ne lui demande que la vérité et la charité de Jésus-Christ, et si le succès de la grâce accompagne ces discours, il prouvera qu’aujourd’hui comme autrefois Dieu se sert de ce qui est petit pour confondre ce qui est fort. Seigneur, il y a onze ans, prosterné sur le pavé de cette basilique, je dépouillai les ornements du monde pour revêtir l’habit de vos prêtres ; je venais chercher les biens que vous avez promis à ceux qui vous servent, en attendant que je fusse moi-même envoyé aux autres. Vous m’avez donné ces biens, faites maintenant que je les communique à mes frères. Venez en aide à votre serviteur ; mettez une garde sur mes lèvres, afin qu’elles soient fidèles à mon cœur, comme mon cœur est fidèle à votre loi.

Je veux commencer par un fait incontestable, c’est que l’homme est un être enseigné.

Pourquoi ai-je pris la parole dans cette enceinte ? Si je jette les yeux autour de moi, je découvre des fronts de tous les âges, des cheveux qui ont blanchi dans les veilles de la science, des visages qui portent la trace de la fatigue des combats, d’autres qu’animent les douces émotions des études littéraires, de jeunes hommes enfin qui viennent de cueillir à peine la troisième fleur de la vie. Assemblée, assemblée, dites-moi : Que me demandez-vous ? Que voulez-vous de moi ? La vérité ? Vous ne l’avez donc pas en vous, vous la cherchez donc, vous voulez