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Mais l’Évangile, après tout, n’est que la parole de Dieu, et cette parole, à diverses reprises, n’avait pas changé le monde. Sont-ce les Sacrements ? Mais les Sacrements ne sont que les canaux de la grâce, et la grâce de Dieu, quoique moins abondante sans doute avant Jésus-Christ, n’a pas cessé néanmoins de couler toujours sur les hommes. Qu’est-ce donc que Jésus-Christ a fait de nouveau ? Par quoi a-t-il assuré la perpétuité de la victoire remportée au Calvaire ? Écoutez-le lui-même, il va vous le dire : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle[1]. Voilà l’œuvre qui devait vaincre à jamais l’enfer et le monde, qui devait chaque jour renouveler le sacrifice du Sauveur, conserver et répandre sa parole, distribuer sa grâce. Nous venons, Messieurs, vous parler de cette œuvre, de cette Église qui est la colonne et le firmament de la vérité[2], et dès aujourd’hui nous entrerons dans les entrailles de ce vaste sujet de méditation, en essayant de vous montrer la nécessité d’une Église destinée à l’enseignement universel et perpétuel du genre humain.

Appelé à élever la voix au milieu de vous, non par ma volonté propre, mais par celle du pontife vénérable qui tient pour moi la place de Dieu, n’attendez pas, Messieurs, que je vous parle avec art. Si vous êtes venus chercher ici ces vains jeux de la

  1. Saint Matthieu, chap. XVI, vers. 18.
  2. Saint Paul, Ire Épitre à Timothée, chap. III, vers. 15.