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— III —

la vie sans en fausser la direction, il se rallia bien vite à une dizaine de jeunes étudiants qui, comme lui, « voulaient être autre chose que des avocats « de mur mitoyen, et pour qui la patrie, la « gloire, les vertus civiques étaient un mobile « plus actif que les chances d’une fortune vul « gaire et bientôt des réunions intimes et de « longues promenades les mirent en présence « des plus hauts problèmes de la philosophie, de « la politique et de la religion (1). » Parmi, ces jeunes gens aux généreuses aspirations, Lacordaire prit de suite le premier rang. « Nous écoutons encore, écrivait un de ses anciens compagnons d’études, ces improvisations pleines d’éclairs, de ressources inattendues, de souplesse et de saillies. Nous voyons cet œil étincelant, nous entendons cette voix claire, vibrante, s’abandonnant sans réserve à la verve intarissable de la plus riche nature (2). » Cependant, au milieu de ces travaux et de ces admirations, la foi manquait toujours au jeune étudiant. Son âme élevée avait rapidement jugé et dédaigné Voltaire avec ses railleries; il proclamait déjà bien haut que l’impiété conduit à la dépravation; que les mœurs corrompues enfan-

(1) Notice sur le Rétablissement des Frères Précheurs. (2) Lorain, Étude sur le P. Lacordaire.