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— LXI —

mais il le regardait. Enfin, soutenu des derniers sacrements de l’Église et consolé par la suprême bénédiction du Souverain Pontife, après avoir embrassé et béni les uns après les autres ses religieux et les élèves de l’école, il leva vers le ciel ses bras épuisés et jeta un dernier cri : « Mon Dieu, mon Dieu, ouvrez-moi, ouvrez-moi!» » et le 21 novembre il rendait le dernier soupir.

Maintenant sa vie est en Dieu — Mais ses œuvres nous restent : et en les parcourant, soit qu’on médite ce qu’il a écrit, soit qu’on pèse ce qu’il a fait, on voit peu à peu, au milieu de ces choses si diverses, se recomposer son image, comme une statue que la distance grandit et achève. Les angles trop saillants et les lacunes inévitables qu’une critique plus ou moins juste signalait dans ce bloc de granit disparaissent, tandis que les grands traits s’accentuent et que la figure surtout devient plus belle.

La foi répand sur son front une sérénité inaltérable; car il fut catholique et fils de l’Église, avant tout, et malgré tout. Dans son regard, où la puissance se mêle à la tendresse, on mesure la profondeur de sa pensée comme la bonté de son cœur; ses traits sont fermes sans violence, grands sans orgueil; et sur ses lèvres closes le caractère de son éloquence paraît en-