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— LVI —

à la parole sainte destinée aux assemblées immenses de Notre-Dame.

C’était, malgré l’amoindrissement de ses forces physiques, la même éloquence et les mêmes irrésistibles accents, mais empreints d’une simplicité pleine de charme et d’abandon : c’était aussi le même enthousiasme et les mêmes émotions chez ses jeunes auditeurs éblouis et entraînés. En même temps il leur prodiguait ses soins comme confesseur, toujours prêt à laisser là ses occupations pour les accueillir et leur donner ses mâles conseils, dont l’austérité était tempérée par la plus maternelle tendresse. Dieu, qui bénit le verre d’eau froide de la charité, pouvait-il laisser stérile un si apostolique dévouement? Au bout de quelques années, l’école était transformée. Avec les principes religieux renaissaient l’amour de l’étude, le goût du beau, l’estime du devoir.

Sept années durant, le Père Lacordaire se renferma dans ce dévouement obscur et ces soins de tous les jours, et la mort seule l’en arracha. C’est à peine s’il imposa à ses travaux quelque trêve pour saluer la mémoire de sa vénérable et sainte amie, Mme Swetchine, qui venait de mourir, et de ses frères d’armes le Père de Ravignan et Fréderic Ozanam, tombés avant lui, épuisés par le combat du Seigneur.