Page:Lacordaire - Œuvres du R.P. Henri-Dominique Lacordaire, tome 1 - Vie de Saint-Dominique.djvu/60

Cette page n’a pas encore été corrigée

— LV —

du siècle encore plus que par la douceur de leur ciel. De ces enfants il lui fallait faire plus que des hommes, des chrétiens; le Père Lacordaire s’y dévoua tout entier. Au bout de deux mois il était l’âme de l’école : on le voyait partout, à tous les exercices, aux études, aux classes, aux jeux, aux promenades, comme un père pour lequel il n’y a rien de petit quand il s’agit de ses enfants. Il saisissait adroitement l’occasion de leur apprendre à étudier, à penser, à converser, à vivre; il s’efforçait de leur inspirer le respect d’eux-mêmes et des autres, procédant du respect envers Dieu. Il leur montrait le culte de l’honneur et de la dignité humaine, élevé chez le chrétien à sa vraie hauteur, maintenu dans ses vraies limites; et il les exerçait, par la pratique d’une vie sérieuse et forte, à servir avec amour leur siècle et leur pays. Enfin il s’efforçait, en imprimant plus vivement en eux le sentiment du devoir, de les préparer à user consciencieusement d’une liberté qui ne devait pas rencontrer dans le monde son contre-poids et son frein. Quant aux soins qui regardaient directement le service de Dieu, le Père Lacordaire voulait en partager la sollicitude avec l’aumônier du collège, et il apportait à évangéliser ces jeunes âmes le travail opiniâtre et le respect profond qu’il donnait jadis