Page:Lacordaire - Œuvres du R.P. Henri-Dominique Lacordaire, tome 1 - Vie de Saint-Dominique.djvu/46

Cette page n’a pas encore été corrigée

— XLI —

son couvent, s’appliquait à édifier les plus petits de ses frères par sa grave et douce simplicité, son humilité, son exactitude à tous les exercices du cloître, et surtout par son amour pour Jésus-Christ. Son amour pour Jésus-Christ, qui pourra le décrire? Ce fut le ressort, l’âme, la vie de ce grand Religieux. C’était bien son histoire intime dont il trahissait le secret, quand, du haut de sa chaire de Notre-Dame, il s’écriait: « Seigneur « Jésus, enfin j’arrive à vous-même, à votre « divine figure qui est chaque jour l’objet de ma « contemplation, à vos pieds sacrés que j’ai bai- « sés tant de fois, à vos mains aimables qui « m’ont si souvent béni, à votre vie dont j’ai « respiré le parfum dès ma naissance, que mon « adolescence a méconnue, que ma jeunesse a « reconquise, que mon âge mûr adore et annonce « à toute créature, ô Père, ô Maître, ô Ami, ô « Jésus » Mais Jésus-Christ a été crucifié, et peut-on l’aimer vraiment sans chercher à l’imiter? De là, dans le Père Lacordaire, un amour immense pour la Croix. « Pouvons nous écrivait-il, y « chercher d’autre tête que la tête sanglante de « notre Sauveur, d’autres yeux que ses yeux, « d’autres mains et d’autres pieds à baiser que « ses mains et ses pieds percés de clous pour « notre amour, et d’autres plaies à soigner dou-