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il devenir au milieu des tentations d’abattement ou de révolte qui devaient inévitablement se disputer ses heures de solitude? Entre ces deux abîmes, quelle main assez douce pourrait le soutenir, et quel frein assez fort l’arrêter? Dieu y pourvut en lui faisant rencontrer une âme chrétienne, bonne et grande, Mme Schwetchine. L’abbé Lacordaire était sans expérience et sans guide; elle lui apporta comme secours la sollicitude d’un cœur tout maternel, les judicieux conseils d’une vie de cinquante ans, partagée entre l’étude et le commerce du grand monde, et en même temps le sens surnaturel d’une fervente convertie au catholicisme. On comprend combien cette influence pleine de tact et de bonté dut contribuer à soutenir l’abbé Lacordaire au-dessus des passions étroites ou envieuses qui le poursuivirent longtemps, et à conserver son âme dans la paix, le travail et la charité. Sur ces entrefaites, M. de Lamennais, après plusieurs soumissions équivoques et bientôt rétractées, jeta au monde sa véritable pensée dans ses Paroles d’un Croyant, emphatique et haineuse déclamation contre les rois et les prêtres, et sourde excitation à la révolte contre l’autorité. Les restes de gloire qui entouraient l’auteur,