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dement emporté la monarchie séculaire des Francs avaient un instant paru emporter et briser la religion. De ce que le trône, loin de savoir soutenir l’autel, n’avait pu se soutenir lui-même, ces ardents catholiques de l’Avenir concluaient qu’il fallait au plus tôt briser l’antique alliance des deux sociétés, spirituelle et temporelle, abandonner le pouvoir civil dans le chemin où il voulait s’aventurer, et laisser l’Église, assez forte avec Dieu seul, marcher dans l’isolement vers ses éternelles destinées. Pour comprendre que par là, en évitant certaines misères, suite inséparable des défauts de l’homme, on créait un état contraire à sa nature même, et qu’en voulant sauvegarder le libre exercice de ses prérogatives, on en minait rapidement la base, il eût fallu aux rédacteurs de l’Avenir une étude plus attentive du cœur humain, des révolutions sociales et des enseignements immuables de l’Église, que ne le comportait le terrain si agité où ils combattaient au jour le jour. Il leur eût fallu surtout, à eux pour qui l’actualité des faits avait une autorité si décisive, l’expérience prolongée de ce que devient l’homme ainsi scindé. Cette expérience leur manquait. Pleins de confiance en leur programme, ils inscrivirent donc fièrement sur leur drapeau : Dieu et liberté. Et, sous ce dernier mot, ils confondaient avec