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LA TERRE PATERNELLE

— Tenez, mère Chauvin, je vous avais bien dit que tôt ou tard vous auriez des nouvelles de votre fils ; voici un voyageur qui arrive et qui va vous en donner.

Charles promena ses regards sur un homme déjà âgé et sur deux femmes dont la misère et la souffrance avaient tellement altéré les traits qu’il ne les reconnut point. Charles, qui les avait quittés à peine sorti de l’adolescence et qui revenait homme fait, n’en put être reconnu à son tour.

— Ah ! Monsieur, dit la mère en s’adressant à Charles, m’apportez-vous des nouvelles de mon cher fils ?

À ce son de voix bien connu, Charles avait reconnu sa mère ; il voulait répondre ; son cœur se gonfla, sa langue resta muette ; il demeura immobile.

La mère, interprétant ce silence en mauvais augure :

— Ah ! père Danis, dit-elle, pourquoi ne m’avez-vous pas épargné la douleur d’apprendre moi-même de ce voyageur que mon pauvre Charles est mort ?