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LA TERRE PATERNELLE

— Non, Monsieur, je suis à la recherche de ma famille, que l’on m’a dit demeurer près d’ici.

— Et comment t’appelles-tu, mon garçon ?

— Charles Chauvin, Monsieur. Je…

— Dieu du ciel ! s’écria le père Danis en se levant brusquement de son siège, se redressant de toute sa haute taille, et en regardant Charles d’un air stupéfait.

— Eh bien ! Marianne, ne te l’ai-je pas dit souvent que Dieu était bon, et qu’il rendrait enfin ce pauvre enfant à sa mère ? — Oui, mon garçon, tu arrives bien à temps, va ! Tes parents sont depuis longtemps dans la plus grande misère ; ton père a fait de mauvaises affaires, sa terre a été vendue ; il a été ruiné ; et il gagne misérablement sa vie ici à charroyer de l’eau. Pour comble de malheur, ton pauvre frère vient de mourir, et, comme ils te croient mort aussi, tu peux juger de l’état où ils sont. — Dis-moi, mon garçon, as-tu ménagé tes gages ? apportes-tu de l’argent avec toi ?

— Oui, Monsieur ; mes gages me sont presque tous dus par la compagnie, et je les retirerai quand je voudrai.