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LA TERRE PATERNELLE

« No, no, goddam, vous pas d’affaire ici, moi havoir une bonne deed de la sheriff. »

Chauvin, plus déconcerté que jamais, sort précipitamment de la maison, et court chez le plus proche voisin. C’étaient des gens nouvellement arrivés dans l’endroit : ils ne connaissaient pas sa famille. Il n’eut pas plus de succès aux portes voisines. En moins de quinze ans, le temps avait promené sa faulx dans cet endroit. Le souvenir de l’ancien curé lui revint à l’esprit ; cet ancien ami de la famille avait aussi disparu. Le nouveau curé qui l’avait remplacé dit à Chauvin qu’il ne connaissait pas sa famille, mais qu’il avait entendu dire à ses anciens paroissiens qu’une personne de ce nom avait autrefois habité la paroisse ; mais les mauvaises affaires l’avaient forcée de se réfugier avec sa famille à la ville, où il croyait qu’elle habitait encore. Ce peu de paroles dévoilèrent l’affreuse vérité à Charles ; il comprit tout : son père était ruiné, sa terre était vendue, et l’étranger insolemment assis au foyer paternel ! Il n’en entendit pas davantage ; il tourna immédiatement ses pas du côté de la ville, où il arriva la nuit déjà close. Il erre quelque temps, sans savoir de quel côté