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LA TERRE PATERNELLE

VIII.

le charnier.


Après dix ans de pareilles souffrances, le malheur de la famille Chauvin ne pouvait, ce semble, aller plus loin. Cependant il lui fallait encore passer par d’autres épreuves bien douloureuses, et boire la coupe jusqu’à la lie. Le fils aîné fut attaqué d’une maladie mortelle : la misère, les privations de tous genres, le travail excessif avaient achevé de ruiner sa santé depuis longtemps chancelante. Tous les secours de l’art ne purent le rappeler à la vie. Il mourut entre les bras de sa famille, qui se vit priver tout à coup d’un de ses soutiens. Ce fut au pauvre père affligé que fut dévolue la pénible tâche de s’occuper de l’enterrement. La demeure du bedeau lui fut indiquée, et il s’y rendit ; ce pourvoyeur de la mort n’était pas alors chez lui. En effet, Chauvin le rencontra, peu d’instants après, sortant de l’église tout essoufflé ; il venait d’aider à sonner, en grand carillon, les glas d’un riche, qui, par un con-