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LA TERRE PATERNELLE

puisse exercer sans rougir. Cet emploi, quoique très peu lucratif, et qu’il exerçait depuis près de dix ans, avait cependant empêché cette famille d’éprouver les horreurs de la faim. Au milieu de cette misère la mère et la fille avaient trouvé le moyen, par une rigide économie et quelques ouvrages à l’aiguille, de faire quelques petites épargnes ; mais un nouveau malheur était venu les forcer à s’en dépouiller : le cheval de Chauvin se rompit une jambe. Il fallut de toute nécessité en acheter un autre, qui ne valait guère mieux que le premier, et avec lequel Chauvin continua son travail. Mais ce malheur imprévu avait porté le découragement dans cette famille. Quelques petits objets que la mère et Marguerite avaient toujours conservés religieusement comme souvenirs de famille et d’enfance, furent vendus pour subvenir aux plus pressants besoins. L’hiver sévissait avec rigueur ; le bois, la nourriture étaient chers ; alors des voisins compatissants, dans l’impossibilité de les secourir plus longtemps, leur conseillèrent d’aller se faire inscrire au Bureau des pauvres, pour en obtenir quelque secours. Il en coûtait à l’amour-propre et au cœur de la mère d’aller