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LA TERRE PATERNELLE

froid, ils reprenaient le chemin de leur demeure, située dans un quartier pauvre et isolé du faubourg Saint-Laurent. Arrivés devant une maison basse et de chétive apparence, le plus vieux se hâta d’y entrer, laissant au plus jeune le soin du cheval et du traîneau. Tout dans ce réduit annonçait la plus profonde misère. Dans un angle, une paillasse avec une couverture toute rapiécée ; plus loin, un grossier grabat, quelques chaises dépaillées, une petite table boiteuse, un vieux coffre, quelques ustensiles de fer-blanc suspendus aux trumeaux, formaient tout l’ameublement. La porte et les fenêtres mal jointes permettaient au vent et à la neige de s’y engouffrer ; un petit poêle de tôle dans lequel achevaient de brûler quelques tisons réchauffait à peine la seule pièce dont se composait cette habitation, qui n’avait pas même le luxe d’une cheminée ; le tuyau du poêle perçait le plancher et le toit en faisait les fonctions.

Près du poêle une femme était agenouillée. La misère et les chagrins l’avaient plus vieillie encore que les années. Deux sillons profondément gravés sur ses joues annonçaient qu’elle avait fait un long apprentissage des larmes.