Page:Lacombe - La terre paternelle, 1871.djvu/45

Cette page a été validée par deux contributeurs.
44
LA TERRE PATERNELLE

de se faire inscrire sur ses livres. Ce qu’il avait souhaité lui était arrivé ; il jouissait d’un grand crédit ; il était considéré partout ; on le saluait de tous côtés, et de bien loin à la ronde on ne le connaissait que sous le nom de Chauvin le riche ; lui-même ne paraissait pas insensible à ce pompeux surnom, et il lui arriva même une fois d’indiquer sous ce modeste titre sa demeure à des étrangers. Il va sans dire que les dépenses de sa maison étaient en harmonie avec le gros train qu’il menait. Tout à coup les récoltes manquèrent, amenant à leur suite la gêne chez les plus aisés, la pauvreté chez un grand nombre. Des pertes inattendues firent d’énormes brèches à sa fortune ; ses crédits qui paraissaient les mieux fondés furent perdus ; pour la première fois de sa vie il manqua à ses engagements envers les marchands fournisseurs de la ville, qui, après avoir attendu assez longtemps, le menacèrent d’une saisie et de faire vendre ses biens. Cette menace sembla redoubler son énergie. Il se raidit de toutes ses forces contre l’adversité et résolut, pour faire face à ses affaires, de tenter le sort de l’emprunt ; cette démarche, loin de le tirer d’embarras, ne