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LA TERRE PATERNELLE.

et le rivage. Quelques-uns, déracinés en partie par la force du courant, se penchent sur les eaux, et semblent se mirer dans le cristal limpide qui baigne leurs pieds. Une riche pelouse s’étend comme un beau tapis vert sous ces arbres dont la cime touffue offre une ombre impénétrable aux ardeurs du soleil.

L’industrie a su autrefois tirer partie du cours rapide de cette rivière, dont les eaux alimentent encore aujourd’hui deux moulins, l’un sur l’île de Montréal, appelé « Moulin du Gros Sault, » et naguère la propriété de nos seigneurs ; et l’autre, presqu’en face, sur l’île Jésus, appelé « Moulin du Crochet, » appartenant aux MM. du séminaire de Québec.

Le bourdonnement sourd et majestueux des eaux, l’apparition inattendue d’un large radeau chargé de bois entraîné avec rapidité au milieu des cris de joie des hardis conducteurs, les habitations des cultivateurs situées sur les deux rives opposées à des intervalles presque réguliers, et qui se détachent agréablement sur le vert sombre des arbres qui les environnent, forment le coup d’œil le plus satisfaisant pour le spectateur.