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LA TERRE PATERNELLE.

Messieurs, continua celui-ci, un veau pour l’Enfant Jésus[1]. Qu’est-ce qui veut du veau ?… Une piastre pour commencer…, rien qu’une piastre pour ce beau veau bien gras… ; deux piastres…, il s’en va…, il va s’en aller… Une fois…, deux fois…, trois fois… Adjugé… à moi ; — c’est moi qui l’achète.

Cependant, la foule, voyant que la séance tirait à sa fin, commençait déjà à défiler, lorsque le crieur se sentit tirer par l’habit ; il se baissa pour écouter quelques mots qu’on lui dit à l’oreille, puis se relevant :

— Arrêtez, Messieurs, encore une annonce de grande importance. M. Dunoir, notaire, vous prévient qu’il vient s’établir parmi vous, et qu’il fera toutes sortes d’actes, depuis le compte de partage le plus difficile et le plus embrouillé jusqu’au plus simple billet ; il prendra meilleur marché que l’autre notaire ; les ac (actes) de vente avec la coupie (copie),

  1. Suivant l’usage, comme l’on sait, le curé fait chaque année, dans sa paroisse, au temps de Noël, une quête pour les pauvres. Chacun donne librement ce qu’il veut : argent, denrées ou autres effets. Dans le cas présent, quelqu’un avait promis un veau, et l’offrait en vente pour en verser le produit dans le fonds de la quête.