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LA TERRE PATERNELLE.

nos lecteurs à se faire une idée de l’auberge en ce moment.

Dans un coin, plusieurs jeunes gens tenaient ensemble une conversation très-animée. Sans tenir aucun compte des sages directions que leur donnait l’enseigne à grandes lettres blanches qu’on lisait sur la porte d’entrée : Divers sirops pour la tempérance, la plupart étaient ivres, et faisaient retentir la salle de leurs cris. C’étaient des jeunes gens qui venaient de conclure leur engagement avec la compagnie du nord-ouest pour les pays hauts, et auxquels l’agent avait donné rendez-vous dans cette auberge, pour leur en faire signer l’acte en bonne forme le lendemain, et leur donner un à-compte sur leurs gages. On peut à peu près se figurer quelle était la conversation de ces jeunes gens dont plusieurs n’en étaient pas à leur premier voyage, et qui se chargeaient d’initier les novices à tous les détails de la nouvelle carrière qu’ils se disposaient à parcourir. Le récit de combats d’homme à homme, de traits de force et de hardiesse, de naufrages, de marches longues et pénibles avec toutes les horreurs du froid et de la faim, tenait l’auditoire en haleine, et lui arrachait par inter-