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LA TERRE PATERNELLE.

coutume. Dans le courant de la journée, le vent, qui avait cessé depuis le matin, commença à souffler avec plus de violence ; les traces récentes des voitures disparurent sous un épais tourbillon de neige ; dès lors, le retour fut regardé comme impossible. La mère Chauvin et son fils se décidèrent donc de passer la nuit à la ville, et prirent logement dans une auberge voisine.


L’auberge était en ce moment encombrée de personnes que le mauvais temps avait forcées d’y chercher un abri pour la nuit. Au fond de la salle commune, derrière le comptoir, deux jeunes garçons étaient empressés à servir à de nombreuses pratiques des liqueurs de toutes sortes et de toutes couleurs. Les pipes étaient allumées de toutes parts et formaient un brouillard qui combattait victorieusement le jet de gaz brillant suspendu au-dessus du comptoir. Les exhalaisons qui s’échappaient des vêtements trempés de sueur et de neige fondue, l’humidité du plancher, l’odeur du tabac et des liqueurs frelatées, un poêle double placé au milieu de la salle et chauffé à 100 degrés, tout cela pourra aider