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LA TERRE PATERNELLE.

l’avait balayée devant lui et amoncelée en grands bancs, à une telle hauteur que les routes en étaient complètement obstruées ; l’entrée même des maisons en était tellement encombrée, que le lendemain matin Chauvin et ses garçons furent obligés de sauter par une des fenêtres de la maison, pour en déblayer les portes et pouvoir les ouvrir. L’état des chemins rendit pour un moment le voyage indécis ; mais le père remarqua judicieusement que le mauvais temps empêcherait très-sûrement les cultivateurs d’entreprendre le voyage de la ville ; que c’était pour lui le moment de faire un effort et de profiter de l’occasion. Les deux meilleurs chevaux furent donc mis à la voiture, qui se mit en route, traçant péniblement le chemin, et laissant derrière elle force cahots et ornières ; les chevaux enfonçaient jusqu’au-dessus des genoux ; mais les courageuses bêtes s’en tirèrent bien, et le voyage s’accomplit heureusement quoique lentement. Ce que Chauvin avait prévu était arrivé ; le marché était désert ; aussi n’est pas besoin de dire avec quelle rapidité le contenu de la voiture fut enlevé, et combien la vente fut plus productive encore que de