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des Langues Celtique & Françoise.


porta la langue à un point de perfection, auquel on n’a peut-être pas autant ajouté depuis, que plusieurs se l’imaginent.

Dans la discussion où l’on est entré, on n’a pris les pieces de comparaison que dans des actes publics, ou dans les ouvrages de ceux qui ont écrit en prose : un seul exemple fera voir que l’on n’a pas dû prendre ces preuves dans les poëtes.

Le plus ancien ouvrage en vers que l’on connoisse, est celui de Marbode, sur les pierres précieuses, dont il décrit la forme, la couleur, & les propriétés que la superstition leur attribuoit. Cet ouvrage peut être de 1123, & suffit pour montrer que la versification ne seroit pas un témoin sûr de l’état de la langue, puisque ce poëme, qui est postérieur de cinquante ans aux loix des Normands, est moins intelligible que le texte de ces loix [1].

Evax fut un mult riche reis.
Lu reigne linst des Arabais.
Mult fut de plusiurs choses sages :
Mult aprist de plusiurs langages ;

  1. Ce poëme est imprimé à la suite des œuvres d’Hildebert, évêque du Mans, édit. du père Beaugendre, col. 1638.
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