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Origine & révolutions

Si les premiers poëtes de réputation eussent paru à la cour, ou dans la capitale, la langue tudesque eût fait des progrès, & se fût étendue dans les provinces : mais comme ce fut en Provence, où l’on parloit la langue romane, que parurent les premiers poëtes, ce furent eux qui jetterent les premiers fondements de la langue françoise. Il s’éleva tout-à-coup un nombre infini de poëtes, qui prirent le nom de Troubadours ou Trouveres, & qui se répandirent bientôt dans toutes les autres provinces. Le roi Robert ayant épousé Constance, fille du Comte d’Arles, cette princesse en attira beaucoup à la cour de France. Rien n’est si contagieux que la poésie : chacun voulut faire des vers & s’attacha à la langue dans laquelle écrivoient ceux qui excelloient. La langue tudesque cessa bientôt d’être en usage ; & la langue romane continuant toujours à s’enrichir & à se perfectionner, on s’en servit également pour la prose & pour les vers.

Il seroit à souhaiter que nous eussions une suite des auteurs de ces tems-là : en les comparant, nous pourrions juger des progrès ou des changements qui arriverent dans la langue. Ces observations se feroient encore plus utilement sur des ouvrages en prose, que sur des poëmes ; parce que les poëtes,