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des Langues Celtique & Françoise.


de pure intrigue, depuis que Moliere nous en a donné de caractere. Comme il composa de génie, & d’après le goût de sa nation, dans ses ouvrages, & dans ceux qui l’ont suivi de plus près, les pièces de caractere remportent sur les autres ; parce que les chefs-d’œuvres dans chaque langue, sont toujours ceux qui sont dans le génie national. J’ajouterai encore, pour confirmer le principe que j’établis, & dont je ne tarderai pas à tirer des inductions, qu’après avoir été imitateurs, nous sommes bientôt devenus modèles en plusieurs genres, dont quelques-uns nous doivent leur origine. C’est par-là que la langue françoise s’est si fort répandue, que chez la plupart des étrangers une preuve d’éducation est de l’entendre : & si quelques-uns cultivent aujourd’hui la leur avec plus de soin, si nous prenons nous-mêmes celui de nous en instruire, c’est depuis qu’ils ont donné d’excellents ouvrages. Les ouvrages d’agrément ont particulièrement l’avantage d’étendre une langue, parce qu’ils flattent l’imagination, & que le plaisir qu’ils causent est à la portée d’un plus grand nombre de personnes. Les philosophes ne peuvent guere être lus que par les philosophes ; mais presque tout le monde lit les ouvrages d’agrément : & c’est de la poésie romane que la langue françoise a tiré son origine.

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