roit croire que c’étoit celle qu’on parloit originairement
dans toute l’étendue de pays dont ces
peuples n’occupent qu’une portion, & qu’ils l’ont
conservée avec moins d’altération par le peu
de commerce qu’ils ont eu avec leurs voisins. Les
Francs, quelle que fût leur origine, soit qu’ils la
tirassent en partie du sein de la Gaule, soit qu’ils
vinssent de la Germanie, descendoient des anciens
Celtes, & si leur langue n’étoit pas une dialecte de
la celtique, elle devoit du moins avoir quelque
rapport avec elle. Ces nouveaux vainqueurs ne
firent aucun effort pour faire recevoir leur langage
aux vaincus ; ils en adopterent même les loix en
partie, ou laisserent chacun suivre les leurs. Le
peuple & ceux de la campagne continuerent de se
servir d’une langue composée de celtique & de
latin, mais dans laquelle celui-ci l’emportoit assez
pour qu’on la nommât langue romane. Ce fut elle
qui fut en usage durant les deux premieres races,
& ce qui prouve qu’elle n’étoit parlée que par le
peuple & les habitants de la campagne, c’est qu’elle
étoit aussi nommée rustique ou provinciale par les
Romains & par ceux qui leur succéderent. Elle
n’étoit point la langue latine pure des Romains,
comme son nom sembleroit l’indiquer ; elle ne
l’empruntoit que de son origine, & nous voyons
Page:Lacombe - Dictionnaire de la langue romane - 1768.djvu/30
Cette page n’a pas encore été corrigée
xxiv
Origine & révolutions