l’oubli. Mais il seroit peut-être difficile de citer
beaucoup d’ouvrages entrepris & faits par l’autorité
publique, & l’on en pourroit indiquer plusieurs
qui seroient jugés d’une utilité générale, &
à l’égard desquels nous mériterions les mêmes reproches
que nous faisons aujourd’hui aux Gaulois.
Quoi qu’il en soit, tout ce que je viens d’exposer
fait assez voir que la langue celtique ne dut
pas subsister long-tems dans les Gaules depuis
qu’elles furent soumises aux Romains. Il se forma
d’abord, tant à la ville que dans les campagnes,
un jargon mêlé de celtique & de latin. Il est vraisemblable, par ces raisons, que ceux qui vivoient
dans les villes & qui y tenoient quelque rang,
au lieu de songer à polir ce jargon, chercherent
à se défaire de ce qu’ils avoient de celtique, pour
s’instruire parfaitement du latin ; mais il leur
resta toujours beaucoup de mots & de tours de
leur langue naturelle, qui cependant alloit toujours
en s’affoiblissant par le commerce des Romains.
Les Romains, de leur côté, quelque desir qu’ils eussent de conserver & d’étendre leur langue, durent la voir s’altérer de jour en jour, & elle ne perdit pas moins de sa pureté par leurs conquêtes, que lorsqu’ils devinrent eux-mêmes la proie des barbares.