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des Langues Celtique & Françoise.


rations que celles qui arrivent à toutes les langues vivantes, soit par un commerce étranger, soit par les changements insensibles auxquels elles sont toutes sujettes. L’on sçait qu’il suffiroit d’une longue durée de tems pour qu’une langue fût très-dissemblable d’elle-même ; un mot, après avoir été en usage, passe de mode, & est remplacé par un autre, sans autre raison de préférence que l’inconstance ; mais ce ne fut pas ainsi que la langue celtique s’altéra, lorsque les Romains se furent emparés des Gaules, elle éprouva une révolution subite & presque totale. Aussi-tôt que les Romains les eurent asservies, ils userent de la même politique qu’ils employoient dans leurs autres conquêtes ; ils y porterent leurs loix, & croyant que la langue est un des plus forts liens qui unissent les peuples entre eux, ils n’oublierent rien pour y faire régner la langue latine. Les Grecs furent les seuls avec qui les Romains se comporterent différemment, parce qu’étant la nation la plus polie, les Romains avoient cherché a les imiter avant que de les avoir assujettis. Il y avoit peu de Romains d’un certain rang à qui la langue grecque ne fût familière, & qui n’envoyât ses enfants s’instruire dans l’école d’Athenes. Ils eurent toujours beaucoup de considération pour les Grecs : mais