Page:Laclos - Les liaisons dangereuses, 1782, T01.djvu/55

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
dangereuses. 53

tendre d’une sœur. Je vous prie, Madame, de vouloir bien la lui demander de ma part, en attendant que je me trouve à portée de la mériter.

Je compte rester à la campagne tout le temps de l’absence de M. de Tourvel. J’ai pris ce temps pour jouir & profiter de la société de la respectable Mde de Rosemonde. Cette femme est toujours charmante : son grand âge ne lui fait rien perdre ; elle conserve toute sa mémoire & sa gaieté. Son corps seul a quatre-vingt-quatre ans ; son esprit n’en a que vingt.

Notre retraite est égayée par son neveu le vicomte de Valmont, qui a bien voulu nous sacrifier quelques jours. Je ne le connaissais que de réputation, & elle me faisoit peu désirer de le connaître davantage ; mais il me semble qu’il vaut mieux qu’elle. Ici, où le tourbillon du monde ne le gâte pas, il parle raison avec une facilité étonnante, & il s’accuse de ses torts avec une candeur rare. Il me parle avec


C 3