notre destin ; il faut le suivre : peut-être au bout de la carrière nous rencontrerons-nous encore ; car, soit dit sans vous fâcher, ma très belle Marquise, vous me suivez au moins d’un pas égal ; & depuis que, nous séparant pour le bonheur du monde, nous prêchons la foi chacun de notre côté, il me semble que dans cette mission d’amour, vous avez fait plus de prosélytes que moi. Je connois votre zele, votre ardente ferveur ; & si ce Dieu-là comme l’autre nous juge sur nos œuvres, vous serez un jour la Patronne de quelque grande ville, tandis que votre ami sera au plus un Saint de village. Ce langage vous étonne, n’est-il pas vrai ? Mais depuis huit jours, je n’en entends, je n’en parle pas d’autre ; & c’est pour m’y perfectionner, que je me vois forcé de vous désobéir.
Ne vous fâchez pas, & écoutez-moi. Dépositaire de tous les secrets de mon cœur, je vois vous confier le plus grand projet que j'aie jamais formé. Que me