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voicy les moyens : sachez d’abord vous astreindre à un régime doux et salutaire ; c’est celui qui tient la santé ; sans elle point de fraîcheur, et sans la fraîcheur point de beauté ; fuiez surtout les veilles inutiles ; le repos sied mieux encore que l’éclat trompeur des bougies ; ne vous fatiguez par aucun excès ; vous serez belle même au jour ; les nuits que vous déroberez à vos amusements rendront plus précieuses celles que vous consacrerez à vos plaisirs. Craignez également l’usage des boissons spiritueuses ; une peau unie ne couvre point un sang enflammé ; laissez aux femmes qui manquent de ressources, ce foible moïen d’exciter, par leur exemple, à ce genre de débauche, dans l’espoir de profiter des désirs qui les suivent et qu’elles n’auroient pu faire naître. Vous êtes jeunes et belles : qu’avez-vous besoin de liqueur forte ? c’est d’amour qu’il faut vous ennivrer. Évitez les rayons d’un soleil brûlant qui obscurciroit l’éclat de votre teint ; ne laissez pas non plus gercer votre peau délicate par l’impression d’un froid excessif, mais gardez-vous plus encore d’une vie trop sédentaire ; les chairs mollissent et perdent leur ressort dans l’air stagnant et étouffé de vos appartements ; le frotement de l’air extérieur les rend au contraire fermes et vivaces. Profitez en hiver, du moment où la douce influence du soleil aura tempéré la rigueur du froid. Soyez en été diligentes comme l’aurore ; semblables au lin que l’on prépare, c’est à la rosée qu’il faut vous blanchir. Non contents de régler vos actions, maîtrisez encore les affections de votre âme ; il en est qui détruisent la beauté ; si vous ne réprimez des