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CHAPITRE X

DES PREMIERS EFFETS DE LA SOCIÉTÉ

La nature ne crée que des êtres libres ; la société ne fait que des tirans et des esclaves ; toutte société suppose un contrat, tout contrat une obligation respective. Toutte obligation est une entrave qui répugne à la liberté naturelle ; aussi l’homme social ne cesse de s’agiter dans ses liens, il tend à s’y soustraire, il cherche à en rejeter le poids sur ses semblables, il ne veut retenir que le bout de la chaîne pour les diriger à son gré ; il suit de là que, si l’oppression du fort envers le faible n’est pas une loi naturelle, dans le sens où les moralistes prennent ces mots, elle n’en est pas moins une loi de la nature, ou plutôt la 1re vengeance que la nature abandonnée tire de l’homme social ; il suit de là que toutte convention, faite entre deux sujets inégaux en force, ne produit, ne peut produire qu’un tiran et un esclave, il suit encore de là que dans l’union sociale des deux sexes, les femmes généralement plus faibles ont dû être généralement op-