Page:Laclos - De l’éducation des femmes, éd. Champion, 1903.djvu/69

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leur union aux enfants cesse d’être naturelle dès qu’elle n’est plus nécessaire ?

« Or, cette union ne peut manquer de produire un attachement respectif et durable entre les parents et l’enfant. »

Voilà positivement ce qui reste à prouver et qui ne nous paroit pas probable.

« Ainsi l’état de pure nature est un état connû ; c’est le sauvage vivant dans le désert, mais vivant en famille, connoissant ses enfants, connû d’eux, usant de la parolle et se faisant entendre. »

Ne sommes-nous pas authorisés à dire que ce n’est pas là l’état de nature ?

« La fille sauvage ramassée dans les bois de Champagne, l’homme trouvé dans les forêts du Hanovre ne prouvent pas le contraire. »

Ils prouvent au moins que le contraire n’est pas impossible.

M. de Buffon, après avoir rassemblé les hommes en famille, au 1er moment de leur existence, forme un empire à la 4e génération. Nous ne le suivrons pas dans sa marche rapide, il nous suffit d’avoir examiné s’il combat victorieusement les avantages et la possibilité de l’état de nature, tel que nous l’avons envisagé, et d’avoir mis nos lecteurs en état de juger si l’on peut, d’après ses raisons, assurer cet état malheureux ou impossible. Nous n’ajoutons plus qu’un mot. M. de Buffon, qui confond l’homme sauvage et l’homme naturel, se demande si cet homme est heureux, et se décide pour la négative. Icy