Page:Laclos - De l’éducation des femmes, éd. Champion, 1903.djvu/68

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

puisque les enfants périroient s’ils n’étoient secourus et soignés pendant plusieurs années, au lieu que les animaux nouveau-nés n’ont besoin de leur mère que pendant quelques mois. »

Tous les animaux nouveau-nés ont besoin de leur mère pendant plus ou moins de temps, et nous ne voïons pas que leur société subsiste après le besoin passé. Nous avons crû pouvoir fixer ce temps pour les hommes entre deux et trois ans[1] et M. de Buffon lui-même paroit le fixer à quatre ans pour l’enfant d’un homme social[2], ce qui revient assez à notre calcul ; la différence n’existe donc que du plus au moins, et si tel animal (la louve, par exemple), qui vit vingt ans, soigne son petit pendant un an[3], il nous semble qu’une femme qui en vit soixante ou quatre-vingts peut bien consacrer trois ans à ce soin, et ce temps passé, abandonner son enfant.

« Cette nécessité phisique suffit donc seulle pour démontrer que l’espèce humaine n’a pû durer, et se multiplier, qu’à la faveur de la société. » On vient de voir, si cette démonstration est suffisante. « Que l’union des pères et mères aux enfants est naturelle puisqu’elle est nécessaire. » L’union des pères aux enfants nous paroit absolument inutile, même dans le sistème de M.de Buffon, et quant aux mères, ne pourrions-nous pas dire :

  1. V. cy-devant de L’Enfance, ch. iii.
  2. V. L’Histoire naturelle, t. XIV, p. 39.
  3. Histoire naturelle du loup, t. XIV.
    Notes de Ch. de L.