grand que l’Europe, l’Asie et l’Afrique, prises toutes « trois ensemble »[1].
N’auroit-on pas trouvé des animaux humains… De ce qu’on n’en a pas trouvé, sensuit-il qu’il n’y en a point ? L’Amérique ne subsistoit-elle pas avant sa découverte, dans ce même temps où les sçavants de Portugal assemblés, déclaroient unanimement que le projet de Colomb étoit celui d’un visionnaire, d’un homme qui cherchoit des régions dans le cercle de la lune… Privés de la parolle… Le gloussement des troglodites, peuple pourtant déjà civilisé, s’approche t’il plus d’une langue formée que des cris d’expression de l’homme naturel.
Sourds à la voix comme aux signes… Pourquoi sourds à tout cela ? Les mâles et les femelles dispersées, les petits abandonnés. Encore une fois, qui sçait, qui osera dire que tout cela n’existe pas ? Mais quand ce globe seroit exactement connû, et qu’on n’y auroit trouvé aucun homme dans l’état de pure nature, comment en concluroit on que cet état n’a jamais existé puisqu’il est prouvé, et généralement consenti, que l’espèce humaine est susceptible de perfection ?
« Je dis même, qu’à moins de prétendre que la constitution du corps humain fut toutte différente de ce qu’elle est aujourd’huy, et que son accroissement fut bien plus prompt, il n’est pas possible de soutenir que l’homme ait jamais existé sans former de famille,
- ↑ Histoire naturelle, 1er vol. in-4o. V. sur le même sujet l’Histoire des voyages aux terres australes, par M. le président de Brosse.
Note de Ch. de L.