Page:Laclos - De l’éducation des femmes, éd. Champion, 1903.djvu/66

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nous… nous voïons qu’on descend par degrés assez insensibles des nations les plus éclairées… les plus polies, à des peuples moins industrieux ; de ceux-ci à d’autres plus grossiers, mais encore soumis à des rois, à des lois ; de ces hommes grossiers aux sauvages… que les uns forment des nations assez nombreuses soumises à des chefs ; que d’autres en plus petite société ne sont soumis qu’à des usages, qu’enfin les plus solitaires, les plus indépendants ne laissent pas de former des familles et d’être soumis à leur père. Un empire, un monarque, une famille, un père, voilà les deux extrêmes de la société : ces extrêmes sont aussi les limites de la nature. »

Cette dernière phrase, qui résume tout ce qui précède, nous paroit plus hardie que philosophique ; et nous aurions cru que les limites de la nature ne pouvoient se placer qu’entre deux contradictoires.

« Si elles s’étendoiont au delà (ces limites), n’auroit-on pas trouvé, en parcourant touttes les solitudes du globe, des animaux humains privés de la parolle, sourds à la voix comme aux signes, les mâles et les femelles dispersées, les petits abandonnés, etc…

En parcourant touttes les solitudes du globe ! Et qui donc les a touttes parcourües ? qui croiroit, en lisant cecy, selon M. de Buffon lui-même « que ce qui nous reste à connoître du côté du pôle austral est si considérable, qu’on peut, sans se tromper, l’évaluer à plus d’un quart de la superficie du globe, en sorte qu’il peut y avoir dans ces climats un continent terrestre, aussi