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CHAPITRE IX

EXAMEN DES RAISONS APPORTÉES CONTRE L’ÉTAT DE NATURE

Ami de la vérité, nous ne dissimulerons pas que plusieurs philosophes ont combatû l’existence, et même la possibilité, de l’état de nature tel que nous l’avons envisagé, et qu’en le supposant, ils ont nié ces avantages. La crainte d’une discussion trop longue, l’inutilité de répondre à des objections, toujours les mêmes, quoique diversement proposées, nous empêcheront de répondre à tous, mais dans le nombre, notre choix sera tel, qu’on ne pourra nous reprocher d’avoir cherché de faibles adversaires, pour les combattre avec plus d’avantage ; c’est à MM. de Buffon et de Voltaire que nous allons essaïer de répondre : « Peut-on dire de bonne foi (dit M. de Buffon)[1], que cet état sauvage mérite nos regrets, que l’homme, animal farouche, fût plus digne que l’homme citoïen civilisé ?

  1. Les animaux carnassiers. Histoire naturelle, t. XIV, p. 35, édition in-12.
    Note de Ch. de L.