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douloureuse dans les jointures, rendent son état encore plus pénible ; elle se fatigue facilement dans ses marches et reste en place sans trouver le repos ; bientôt elle éprouve des pesanteurs de tête, et tous les indices de plénitude, tant dans les mamelles que dans toutes les parties qui appartiennent à la génération. Elle reste dans cet état jusqu’à ce que le premier flux menstruel vienne, à la fois, la soulager, et préparer le laboratoire de la nature[1] ; sans doute, pendant ce temps, la fille naturelle se croit malade, non qu’elle puisse avoir l’idée de la maladie, telle que nous nous la formons, mais elle sent qu’elle souffre et qu’il se fait un changement en elle ; cependant ces simptômes disparaissent ; mais ils laissent après eux ce feu dévorant que la nature a allumé, et que le plaisir seul peut éteindre.

Victime d’un besoin qu’elle ignore, une secrète ardeur la consume ; à des jours inquiets, succèdent des nuits plus agitées encore ; la première aurore ne la trouve plus dans les bras du someil, elle ne goûte plus le repos rafraîchissant du matin ; tout dort autour d’elle, elle veille seulle dans la nature ; à peine une foible clarté fait-elle distinguer les objets, et déjà elle erre avec in-

  1. On sçait aussi qu’il y a eu des exemples de femmes devenues mères avant d’avoir eu aucun écoulement périodique ; on cite même un peuple entier où les femmes n’y sont pas sujettes ; mais, outre que ces exceptions sont rares, n’est-on pas fondé à croire qu’alors l’écoulement a lieu intérieurement, ainsi que quelques autheurs le prétendent pour toutes les femmes dans les temps de grossesse.
    Note de Ch. de L.