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CHAPITRE V

DE LA PUBERTÉ

Le choix des aliments, plus ou moins nourrissants, la vie sédentaire ou active sont des causes phisiques qui contribuent, presque autant que le climat, à accélérer, ou retarder, le moment de la puberté. Le feu de l’imagination qui, dans la société, ne manque presque jamais d’être allumé, soit par la veü d’actions, ou de tableaux relatifs, soit par des discours ou des lectures peu chastes, et par les réflexions solitaires, qui les suivent, est une cause morale, non moins puissante, pour hâter la nature. Elle paroît céder alors à une force étrangère, et les signes de puberté se manifestent bien avant que l’individû soit perfectionné ; mais ce dérangement des lois naturelles n’a jamais lieu sans porter sa peine avec lui ; le sujet qui existe trop tôt n’existe jamais pleinement. Si surtout il se presse d’user de sa jouissance, s’il s’y livre avec trop peu de ménagement, il n’a bientôt plus qu’une vie languissante et faible ; en vain cherche-t-il des ressources dans des aphrodisiaques, souvent illusoires, et toujours