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CHAPITRE III

DE L’ENFANCE

L’homme civil, à l’instant de sa naissance, est étroitement garrotté dans un maillot ; il semble que ses parents veuillent déjà l’accoutumer à l’esclavage éternel qui lui est préparé ; dans cet état de gêne et de souffrance, sa mère le repousse et l’éloigne d’elle ; elle le prive de la chaleur maternelle qui convient seulle à sa faiblesse ; elle lui refuse le laict préparé pour sa substance. Ce n’est pas ainsi qu’est traité l’enfant naturel ; au moment sa naissance s’annonce un état d’abattement, de malaise et de déplaisance porte sa mère à chercher la solitude. Les membres endoloris demandent un coucher plus doux, et sans pénétrer la cause, déjà elle prépare le lieu où se doit accomplir l’œuvre de la nature. Couchée tranquillement, elle attend sans crainte, comme sans prévoïance, un événement qu’elle ne connoit pas. Cependant une douleur salutaire vient lui rendre du ressort, la sollicite au mouvement nécessaire pour faciliter