et réfléchi ne bannit pas l’amour ; il le résout comme un théorème de géométrie ; il le voudrait dépouillé de tout caractère artificiel et trompeur. Toutefois, prêchant le retour à la nature, opposant à la femme sociale, infectée physiquement et moralement, une femme naturelle, belle de corps et d’âme, rendons-lui cette justice qu’il n’imagine rien. La sensiblerie d’Émile et de la Nouvelle Héloïse a profondément influé sur son esprit ; et Laclos ne fait que reprendre, le plus souvent, les idées déclamatoires de Jean-Jacques Rousseau si séduisantes en temps de Révolution. S’il combat les théories de M. de Buffon, reconnaissons aussi, pour être juste, qu’il n’est guère plus ennuyeux que lui.
La femme naturelle ! Le retour à la nature ! ces questions ont passionné toute une génération d’élite ; des hommes savants en ont discuté avec amertume ; aujourd’hui, à relire leurs mémoires, pamphlets, dissertations… on a peine à retenir quelques bâillements. L’influence morale de ces rhéteurs fut à peu près nulle. Cette précieuse attardée, parée de tout ce que la mode comporte de nouveaux inconvénients, qui déclame en son salon la perfection de la femme naturelle, est une de leurs conquêtes. Et celle-là, aussi, qui se fait apporter son enfant en présence de ses invités, et lui tend à travers de fines dentelles, un sein dépérissant !… Mais n’y avait-il pas là du libertinage, encore, et du mensonge, ce qu’on a nommé depuis le dandysme ?
À la veille de cette Révolution, presque nécessaire, si l’on ne considère que les hardiesses des mœurs,